Pv Naël/Naus ~ Night fever

@Nausicaä Atlantis  @Logan Fitzburry

Noël... Ah c'était une période de l'année qui offrait des reviviscences pas vraiment agréables pour le joli brun. Ce sentiment d'être en total décalage avec tout ça. Tout le faste de cette fête, alors qu'il avait tout jeté à la poubelle au départ de son père. Enfant nihiliste, sorcier désenchanté, cette période de l'année creusait toujours le fossé entre lui et le reste du monde.

"Tu es vraiment sûr de toi petit cœur ?" Qu'il murmure, observant l'homme occupé à décorer son yacht. "Quoi ? Tu penses que ça fait kitch ?" C'était ce décalage entre le p'tit peuple et les riches ça. Des trucs évidents leur semblait parfois totalement hors sol. C'est un petit rire chaleureux qui agite les épaules de Nael, quand il pose délicatement la caisse de bière qu'il portait. Essuyant ses paumes au jeans de motard qu'il avait enfilé pour l'occasion. "Une seule boule de ces boules là, représente le salaire de ma mère. Et on sait tous les deux qu'elles vont finir pétés. Je t'ai fais des p'tites décos maison." Qu'il sort, pointant du doigt un sac. Il en extrait des étoiles de papiers, pliés dans des papiers élégants à motifs festifs. ça l'a rendu malade d'acheter ça, mais il en a rien dit à personne. Les étoiles sont en 3D et s'intègrent parfaitement bien avec les faux branchages de sapin accrochés aux rambardes. Ah... Fausses ? Non, elles étaient vraies. Bien entendu.

"Wah c'est sympa ! C'est toi qui les a fait ? ça a un p'tit côté authentique, tu penses vraiment à tout mon pote." Ouais ouais... Il sait. C'est ce p'tit sourire solaire qui lui échappe alors qu'il hoche la tête. "Ouais mec, j'sais. J'suis une reine, tout ça tout ça, tu peux le dire !" qu'il lance, agitant une main couverte de bagues en argent. Et ainsi se poursuit la petite décoration du lieu, un paquet attend sagement dans son sac. Si au début il avait grandement hésité, il avait finit par accepter de participer au projet Secret Santa.

Bien vite, la foule se massa en un bloc sur l'eau. Si les premières fêtes de ce style l'avait laissé lui, accroché à la rambarde, vomissant tripes et boyaux, il se sentait presque l'âme d'un marin, maintenant, alors que les ballottements du navire lui faisait ni chaud ni froid. Un verre à la main, il se laisse porter par la musique. Nael est de ces gens sur qui le froid semble ne pas avoir d'emprise, une chemise noir sur lesquels se baladent des motifs improbables, violets, une veste en faux cuir doublé de laine synthétique -l'homme est respectueux des animaux-, un jeans troué assez proche de sa peau pour faire ressortir le galbe de ses fesses -et il en est fier ok ?-. La musique n'est pas totalement à son goût, mais il apprécie les percutions, les vibrations apportées par ces dernières qui l'apaise et le plonge dans une sorte de transe. Le sorcier ouvre finalement un oeil pour se pencher à la rambarde, adressant un regard au duo s'approchant. Il sort une clope de son paquet, l'allumant à même un petit zippo, exhalant une fumée bleutée qui s'épanouis en arabesques bleutées.  

"Il paraît que les stars arrivent toujours avec au moins une demie heure de retard." Qu'il lance à la jeune sirène qu'il commence à connaître, avec ce sourire charmant qui le caractérise si bien. "Je ne te demande pas si tu as le mal de mer." Il adresse un signe de tête au cavalier de cette dernière, le tout assortit d'un clin d’œil. "Tiens, elle t'as traîné dans ses jolis filets ? Profite bien de la soirée." Et le garçon lève son verre dans leur direction dans un petit rire jovial.

@Logan Fitzburry @Nausicaä Atlantis

Les basses raisonnent jusqu'à dans sa boîte crânienne, le jeune sorcier a l'impression de ressentir la musique jusque dans ses os, alors qu'il est perché sur la rambarde, avec toute la nonchalance qui le compose, il observe les invités défiler dans une danse bien chorégraphiée. Fascinant ballet humain qui se déroule sous ses prunelles. Bientôt, il se joindrait à la foule massée sur le reste du bateau pour s'ambiancer, mais juste encore un petit peu d'air frai. Il penche la tête, souriant avec bienveillance aux deux nouveaux matelots.

"Chérie, ta robe est tellement éblouissante que j'hésite a mettre des lunettes de soleil." Qu'il ricane, avec ce petit sourire pince sans rire, avant de les voir fuir. Il adresse un signe de la main. "Passe me voir dans la soirée princesse, j'suis sûr que t'as des tas de ragots incroyables à me raconter." C'était amusant de la voir graviter autour de son petit monde. Nael la trouvait distrayante, pleine d'un pep's qui faisait du bien. Le blond qui l'accompagnait... Ah il était persuadé qu'il ne l’appréciait pas, étant donné comment il essayait sans cesse de le fuir. Parfois Nael se sentait comme un pouilleux. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si c'était pas sa condition de petit prolétaire. Mais... Logan avait l'air d'être un chic type. Il était talentueux dans sa magie. Mais toujours incroyablement sérieux. La soirée lui ferait le plus grand bien. Du moins, était-ce ce dont le brun était persuadé. Engloutissant le fond de son verre, il s'approche du buffet, se servant un punch de noël. Beaucoup trop dosé. Comme toutes les boissons présents. Enfournant un petit four dans sa bouche, tel un hamster, il rejoint le roi de la soirée.

"Mec y'a du peuple... T'as pas peur qu'on coule ? Je compte sur toi pour me céder ta place dans le canot de sauvetage si c'est le cas. Je sais nager mais j'aurais peur de me froisser un muscle." Il bat des cils, comme si cela pouvait changer quoi que ce soit. "P'tit con" qu'il entend de la bouche de son ami, alors qu'on lui file une bourrade de l'épaule qui le fait reculer et heurter quelqu'un.

"Ah j'tiens pas sur mes jambes par..." Qu'il commence, avant de se figer. "Merde j'suis désolé. Décidément je vous loupe pas tous les deux." Nael attrape quelques serviettes en papier, tamponnant sur le tissu. "S'cuse, il dose pas sa force, et moi j'ai pas d'équilibre." Il n'allait pas marquer des points, ça c'était sûr. Adressant finalement un sourire taquin à Naus, il finit par lancer. "C'est le destin, tu vois ?"

@Logan Fitzburry

Inconnu, autant étranger que possible à ce monde, il avance d'une démarche qui se veut paisible, se lovant dans la foule, espérant ne pas se faire arracher à cette dernière, le garçon n'avait jamais été à l'aise.  Du moins pas dans cet univers qui n'avait jamais été le sien. Sa mère cumulait plusieurs boulots, dans sa jeunesse, pour pouvoir assumer et offrir une vie normale à ses gones. Ce faste lui arrachait toujours des frissons et de l'incompréhension. Mais jamais rien ne sortait de ses lèvres, hermétiquement closes lorsque le sujet apparaissait, telle une mauvaise blague, sur la table.
Et pourtant, aucune fête, si modeste soit elle -pas celle ci donc-, ne se passait sans heurts.

La première de cette longue soirée, fut de rentrer dans Logan. Ce type, il commençait à le penser très sérieusement, ne pouvait pas le voir en peinture. Il était toujours si distant avec. C'était étrange. Et en même temps... N'appartenaient ils pas à un monde totalement différent qui faisait que l'un et l'autre n'auraient eu aucune chance de se croiser sans cette école ? Nathanael n'avait pas demandé tous les tenants et les aboutissants, mais il savait que le garçon descendait d'une grande famille anglaise, et qu'il avait une position haute, respectable. Frayer avec un mec entouré de scandale comme lui ? Pour quoi faire ? De toute façon, rien que son petit jeu avec le vaudouisme et son père lui valait sans doute d'être mis au ban de cette société si lustrée. Son homosexualité... N'en parlons pas, il vallait mieux qu'elle ne se mette jamais dans la balance. Essuyant cette jolie chemise qui coûtait plus cher sans doute, que les bijoux de sa mère, il fit une grimace en entendant le ton de la voix de l'homme.  Ouais définitivement, il venait de perdre des points.

"Tu peux minimiser, mais à ta place je serais en colèr..." Il se stoppe, clignant des yeux, avant de porter le regard sur le bracelet, désormais carmin, que l'homme porte au poignet. "Ah." Puis de regarder le sien. "Ah." Et de l'agiter sous le museau du jeune homme, avec un sourire malicieux. "C'est un échange de cadeau !" Et il sort de sa vieille sacoche un paquet cadeau. Elle contient une tasse d'un joli pourpre-violet. L'intérieur est doré. Sur l'extérieur est peint un paysage enneigé et un feu d'artifice, par ses soins. Lui ne fête pas noël, et cette fête, il ne l'a jamais vraiment apprécié. Mais il se plie au jeu sans sourciller.

"Promis c'est pas un grigri." Et il ouvre finalement son paquet, découvrant un pull... Anglais ? De Noël. Il ne fera pas de commentaire, se contentant de le remercier avec un sourire radieux et de l'enfiler. "Je ne te promet pas de le porter tous les jours, mais au moins il tient chaud." Le pull est presque un peu trop petit, car le vaudouiste est du genre solidement charpenté, mais il n'en est rien. "Joyeux noël, Logan." Et son sourire promet toutes les bonnes choses à venir, et son regard pétille d'une joie et d'une énergie rare.

"J'espère que tu ne me détesteras pas pour ça." Qu'il lance, pointant la chemise du doigt.

Le brun observe, ses doigts osseux qui s'agitent pour ouvrir le paquet, le sourire et ses joues qui se colorent doucement. Il s'attendait peut être à un truc cringe, à deux balles, un cadeau avec la tête de Nael en gros dessus ? Il sait que certains l'ont fait, il se souvient notamment un plaid avec la gueule de son pote dessus, et il sourit, doucement.

"Au debut je voulais peindre un dragon... Tu sais pour le nouvel an chinois. J'suis pas trop Noël... Je me suis dis que ça, ça resterait sobre. Il faudra la laver à la main si tu ne veux pas que la peinture disparaisse. Et... En vrai si elle disparaît, passe me voir. Je m'en occuperai, je pourrais même te peindre autre chose si tu veux." Le garçon parle, parle, sans trop savoir où il va, il laisse les idées fuser comme des balles avec vitesse. Enfin... ça c'est ce qu'il laisse toujours croire aux gens. Ainsi, il peut avoir son petit jardin secret, sa petite bulle de solitude et de silence derrière laquelle se cacher. Le petit prince, comme aime l'appeler Nael, pose sa main sur son avant bras, et il le laisse faire, sans le repousser. Lui a l'habitude des contacts, on le manipule, on lui tape l'épaule, on l'étreint. Sa mère s'est toujours montré affectueuse, ses potes aussi.

"Hm... On peut prendre un verre ensemble, mais viens, allons dans un endroit plus calme. Et puis... Si tu as froid, je peux toujours te prêter mon pull." Qu'il lance avec un sourire joueur. Il lui prend délicatement la main, l'entraînant derrière lui, attrapant au passage un verre qu'il lui fourre dans les mains, et un autre pour lui. Ils se retrouvent tous les deux sur le pont, entourés des guirlandes, de ces petites étoiles en papier, de ces branches de sapins qui font un peu too much. Mais en vrai, le pont est silencieux, il n'y a que quelques personnes à droite, à gauche, et lui s'approche doucement de la rambarde, s'asseyant dessus, les jambes pendant dans le vide.

"Pour tout te dire, et parce que je passe jamais par quatre chemin... J'étais persuadé que tu pouvais pas me saquer. Pourquoi... Je sais pas, mais j'avais s't'impression. C'est p't'être pour ça que j'ai pas trop osé t'aborder." Il boit tranquillement son verre. "Je sais qu'on fait pas parti du même monde. Mais ça me dérange pas avec mes autres potes, alors j'me suis dis que ça devait pas être ça. J'ai fais quelque chose qui t'as contrarié peut être ? Oh tu peux me le dire, je ne mord pas." Il est calme, paisible même, quand il parle. L'air totalement détaché, un sourire sur les lèvres. L'homme est du genre à pas se triturer le cerveau 107 ans. Il est là, mains dans les poches de son jeans slim, pull trop p'tit sur le dos (on peut voir son t shirt en dessous, et il sait qu'il aura sans doute besoin de détermination pour l'enlever ce soir. Il se sort une clope et l'allume, la fumée trace des arabesques bleutés dans le ciel, il prend soin de souffler sa fumée sur les vagues, et pas sur son compagnon de soirée. "On trinque ?" Il se fourre sa clope au bec et présente son verre, lui offrant un clin d'oeil. "Promis cette fois j'te tâche pas."

Il en croise, des visages, en sortant de la pièce principale où se tient la fête, un luxueux salon peuplé d'inconnus, de silhouettes sans visage qu'il aura sans doute oublié le lendemain. Nael a toujours essayé de se souvenir de tout, d'être la personne sans torts, sans erreurs qu'on voulait qu'il soit, jusqu'à ce qu'il craque, jusqu'à ce qu'il décide qu'il en avait marre, d'être celui qui se souvient de chaque visage, qui offre sourires et courbettes à tout le monde. Le garçon reste ce soleil qu'on connaît, mais distille ses rayons avec plus de parcimonie, pour ne pas finir par s'étioler. Le présent a eu plus de succès qu'il l'escomptait. Lui qui est resté sobre. Ne sachant pas pour qui il préparait ce présent, il a choisit soigneusement un thème neutre. Et l'expression qui s'est peinte sur les traits du joli blond au moment de découvrir son présent chamboule encore un peu Nael. C'était le genre de bouille précieuse, qu'on voulait voir encore et encore. Le sourire qui a peur de réellement s'étirer sur la bouille, une réalisation étrange qui vient faucher le brun avec la délicatesse d'un monster truck lancé à fond de balle.

La musique arrive étouffée, comme si un monde les séparait de cette fête, comme si l'univers s'était restreint juste à eux, dans une bulle intime qui plaît tout de suite à Nael. Le ressac de la mer à ses oreilles distilles quelques notes apaisantes, et pourtant, c'est son coeur qui bat à une sacré vitesse. C'est ses joues qui se parent d'une jolie teinte rosée, alors que son regard pétille de cette envie de vivre qui lui bouffe les entrailles, cette rage de vivre chaque instant en se foutant du reste du monde. Cette rage d'être heureux et de le prouver, alors même que ce n'est peut être pas la vérité vraie.

Clope dans une main, verre dans l'autre, ses jambes battent dans le vide à un rythme inconnu. Faut bien crever de quelque chose, dirait sa mère. Lui suit le même chemin, buvant une gorgée de ce cocktail sucré, il tapote sa clope, quelques cendres se distillant aux quatre vents. "Vraiment ?" qu'il demande, avec un flegme frôlant la provocation.

Et il parle, finalement, évoquant une vie que Nael ne connaîtra jamais. Lui n'a jamais été désiré par son père, lui n'a jamais vécu avec de grandes responsabilités sur les épaules, des calottes derrière la tête, ça oui, pour le reste... Il ne peut pas dire. Alors il se contente de l'écouter, de voir cette peine qu'il tente de ravaler, et il regarde, celui qui menace de sombrer à cause du lourd fardeau qui pèse sur ses épaules. Il laisse s'étaler ce demi sourire qu'il déteste voir dans le miroir -on voit trop ses canines, il les trouve trop pointues à son goût- et écrase sa clope à sa godasse, la jetant dans le cendrier prévu à cet effet (un simple sceau dans lequel on a mit un fond d'eau.), se contentant de descendre de son perchoir.

"Et si je te faisais un second cadeau, en tant que secret santa ? Je peux t'offrir une soirée sans fardeau, une soirée où tu n'es pas en représentation, où tu peux être toi en te foutant bien pas mal des règles. Je t'offre... Une journée dans mes godasses. Les gens, ils seront toujours là pour te descendre plutôt que de te valoriser. Alors pour une fois, si tu pouvais vivre pour toi et pour toi seul, tu aimerai faire quoi ?" Et il lui offre ce sourire dément, ce sourire qui veut dire "tout peut arriver, fais moi confiance.". Cette expression qui défie sans cesse le destin. Celui qui a faillit donner sa vie pour sa vengeance, aujourd'hui il se retrouve libre de tout carcan, esprit d’éther, esprit aussi libre que le vent en lui même, il se moque de son image, de ce qu'on pourrait penser, en voyant ses ongles vernis, en voyant ses yeux maquillés. N'écoutant tout simplement pas les gens, tout semble glisser sur son armure. "Je ne pourrais jamais comprendre ce que tu portes sur tes épaules. Mais... Si je peux t'offrir un endroit où souffler, je peux le faire." De nouveau, cette rage de vivre brille dans son regard. Vivre et non survivre.

Et on a l'impression que le petit prince (ainsi que Nael l'appelle) tient dans le creux de sa main le monde. Ce spectacle pourrait paraître à bien des abords particulier. Mais le magicien trouve au contraire ça charmant. Cela ne contribue qu'à le rendre plus attachant encore. Il n'est pas rancunier. Et ce présent devient quelque chose d'encore différent, quand le garçon lui propose une soirée sans le poids de ses responsabilités. Lui ne sait pas ce que ça fait, d'avoir tout ce poids sur ses épaules. Mais ça ne veut pas non plus dire qu'il est heureux, que la vie lui a offert tout ce qu'il voulait. Non... Il y a dans le fond de son être cette rage ombrageuse de vivre, d'exister, de respirer. Ce torrent d'énergie qui pourrait être destructeur, si le joli brun n'y prend pas garde. Quelque chose de trop gros pour lui qu'il camoufle de peur d'effrayer qui que ce soit.

Ainsi, il lui offre de partager ce poids le temps d'une soirée. N'est pas Atlas qui veut, après tout. Il hausse les épaules, le garçon, et ce rire chaud lui échappe. "Ne me remercie pas. C'est ce que tu devrais faire plus souvent, selon moi. Mais... Ce n'est que le modeste fils d'une petite sorcière vaudoo qui te dit ça. On ne vit pas dans le même monde. Cependant... Je sais ce que ça fait. D'avoir des proches avec de trop grandes attentes. De ne pas répondre aux attentes de ses parents." Et il sourit avec simplicité. La simplicité de celui qui cache ses plaies sous des rayons ardents et solaires, en éblouissant l'autre, il ne remarque pas les douleurs. Il écarquille les yeux un instant, en sentant sa bise, caressant pensivement sa joue. Ce n'est pas un geste de dégoût, loin de là, et quelque chose, une étrange lueur vient dévorer ses prunelles, son cœur bat, un peu plus vite. Et cette main dans la sienne, ces doigts qu'il noue tranquillement aux siens.

Et ils dansent, jusqu'à en perdre la tête, Nael oublie, ces limites du corps de l'un et de l'autre, cette distance, et il chante, sa voix se perdant dans le bruit. De sa stature il domine la foule, le garçon. Son corps se mouvant avec une certaine fluidité dont on douterait, à la vue de ses épaules massives.

"J'ai assez joué à Just Dance pour avoir un flow !" Qu'il dit d'une voix forte à l'oreille de son compagnon le temps d'une soirée. Et effectivement, lorsque "Rain on me" se lance, le garçon se déhanche, manquant de se retrouver pressé contre le corps de Logan, l'espace entre les danseurs est beaucoup trop fin. Dans ce monde qui est le sien. Dans cette bulle d'intimité qu'il leur crée en pleine foule, et c'est cette étincelle de vie flamboyante qu'il lui transmet dans ses gestes, dans ses contacts, dans sa manière d'être. Une lueur de malice passe dans les yeux mordorés de Nael, quand il voit ce que prévoit Logan, ce baiser, qu'il dévie à la dernière minute, en tournant le visage, le laissant plaquer ce baiser sur ses lèvres. Il a ce petit air d'excuse, mais cette expression qui dit qu'il a apprécié. "Tu fais plus jeune, quand tu t'amuses. Je suis sûr que tu les ferais tous-tes tomber ainsi." Qu'il dit tout haut. Et il lui offre une dernière porte de sortie, une chance de revenir en arrière, alors que son regard le dévore. Lui n'a jamais caché son orientation sexuelle, quelques gestes et attentions ont fait réagir son "Gay-dar" (Théorie fumeuse de certains de ses potes hétéros.). Mais dans ce genre de situations, il y a toujours une boule d'angoisse, celle de s'être trompé. Plus jeune Nael cachait ça comme un secret honteux, quelque chose qu'il faut enfouir. Ah il avait déjà été roi de Narnia, dans le fond de ce foutu placard. Il avait souffert comme personne, avant de finalement décider de laisser sa couronne et de s'assumer. Sortir de cette chrysalide collante et poisseuse pour se montrer, aussi flamboyant que toxique, pour qui voulait le faire chuter. Si il n'a pas conscience de son propre charisme, tout est là pour faire de lui un astre solaire. Et l'idée d'avoir trouvé son astre lunaire ne l'effleure même pas.

@Logan Fitzburry

Parfois, il y a le temps qui semble s'étirer à l'infini pour ne jamais finir. Le temps qui dure, et dure. Mais lorsqu'on fait une erreur, il semble accélérer sans que l'on ne puisse rien y faire. Et si tout se passait bien jusqu'à là, d'un coup, un disque qui dérape, des larmes que le brun voit au coin des yeux bleus de son partenaire de la soirée, et surtout, une fuite. Et ce fut comme si une flèche se plantait avec efficacité dans sa peau, perçant son cuir pour briser quelque chose en lui. Il avait merdé. Il le savait.

Et Logan qui, pourtant, avait l'air si heureux, quelques instant auparavant, porte désormais un terrestre fardeau sur les épaules. Le revoilà, l'homme qui n'est pas du même monde que Morales, l'homme qui souhaitait vivre dans l'ombre, pour une raison trop grande pour lui, et il détale, comme un lapin. Ce n'est pas la fuite, qui est le plus douloureux, mais cette peur profonde, presque enfantine qu'il a vu, l'espace d'un instant, briller dans son regard. Comme si l'attendait au détour d'un couloir un croque mitaine prêt à fondre sur lui pour lui dégueuler en plein visage ses plus grandes peurs. Comme si un spectre n'attendait qu'un instant de faiblesse pour souffler une à une toutes les bougies.

Une pointe d'angoisse transperce Nael, son souffle s'étrangle dans le fond de sa gorge, et il reste là, un moment, éberlué. Il lui semble voir des regards accusateurs sur sa couenne. A ceux ci, il darde des regards sombres, bien loin de la face de soleil qu'il semble arborer en général, il dépose son verre sur la première table qui passe à sa portée, jouant des épaules pour sortir de cette marée humaine. Et une fois à l'extérieur, sur le pont du navire, il sent l'air frai lui glacer la gorge, geler ses os. Et il a l'impression que si il reste trop ainsi, il finira dans une gangue de glace. Juste le temps de demander par où le blondinet est parti, qu'il s'élance à sa suite, dans l'obscurité, il court à en perdre haleine, court à en enflammer ses poumons à cause de l'air glacé, son cœur tambourinant à vive allure. Et il finit par le retrouver, alors qu'il reprend son souffle, appuyé sur ses cuisses.

"P'tain... Tu dois être sacrément fortiche à cache cache." Une pointe d'humour pour dédramatiser la situation, le garçon reste à distance convenable de l'autre.

"Je suis désolé Logan... J'suis... Excuse moi, c'était pas cool, je te laisserai tranquille, j'le promet. J'aurais pas dû faire ça. J'ai cru... J'ai cru que t'étais du même bord. J'pensais pas que ça te ferais réagir comme ça. J'ai été un vrai salopard." Et il reprend son souffle, secouant la tête "J'suis un vrai balourd quand je veux, les deux pieds dans le plat. Tu ferais mieux de rentrer, tu vas attraper froid." Et ses mains tremblent, parce qu'il sait, qu'il a fait une boulette, et si généralement, il se fout bien pas mal de la conséquence de ses actes, aujourd'hui c'est important, aujourd'hui plus que les autres fois, ça ne lui coule pas dessus. Alors il sort délicatement un mouchoir en papier pour le lui tendre. "Je t'approcherai plus. Je promet." Et il dépose dans sa paume ce mouchoir en papier, finissant par s'éloigner, le regard plongé sur le bout de ses bottes, il ramasse son sac, qu'il a fait tomber dans sa course, observant un moment le ciel, les étoiles avec une fascination presque morbide, tentant d'enfermer toutes ces émotions dans le fond de lui. Si il ne les voit pas, elles n'existent pas.

Le blond se lève, et l'un et l'autre se retrouvent face à face, le regard de l'un dans celui de l'autre. Et il n'ose pas se rapprocher plus, de peur de faire une boulette, mais dieux qu'il a envie d'essuyer du bout des doigts ces deux rivières de larmes qui s'écoulent doucement de ses yeux. Qu'il a envie de sortir une baguette magique pour faire disparaître tout ça, pour ne plus jamais voir apparaître cet air triste, ce désespoir, parce que sur un si joli visage, il trouve ça intolérable. Non. Il veut le retour de ce sourire insouciant. Il veut le retour de cet air doux. Et très vite, ils se retrouvent face à face. L'homme ne sait pas si il doit baisser les yeux ou fuir. Pour être franc, ce genre de choses ne lui est jamais arrivé. Et il a ce sentiment qu'il n'est pas aux bouts de ses peines. Mais, alors que Logan parle, et qu'il l'écoute, il ne comprend pas vraiment. Si il y a pris plaisir, est-ce une réaction logique ? Il penche la tête, comme certains de ces labradors en pleine incompréhension. Si c'est bien, alors c'est mal ? Il y a quelque chose qu'il n'arrive pas à cerner, et alors, une fois de plus, le garçon se rend compte qu'un monde les sépare tous les deux. Mais il reste là face à lui, et, alors, il sent ses paumes chaudes sur ses lèvres, et alors, il se laisse mener jusqu'à lui, pressant ses lèvres aux siennes dans un baiser beaucoup plus long, beaucoup plus agréable, et il pourrait y rester jusqu'à l'asphyxie, contre ses lèvres, son coeur bat, il bat si fort qu'il pourrait presque l'entendre dans son crâne.

"Tu as fuis parce que... Ah..." Puis il s'explique finalement, et le brun peut enfin coller les unes aux autres les pièces du puzzle. Un puzzle aux premiers abords beaucoup plus complexe qu'il ne l'est en réalité.

"Fils de duc et cousin du roi, mais en 2024 on est pas capable de se dire qu'un mec peut en aimer un autre ? Et puis... A part protéger sa majesté, tu n'as pas de vie à côté ? Tu vas rester seul jusqu'à la fin de tes jours ?" Et il hausse un sourcil, comme si il n'osait pas y croire. "Je crois que je préférais le moment où je pensais que t'étais juste pas du même bord." Il hausse les épaules, nonchalant. "Ce qu'ils ne savent pas ne peut pas les déranger Logan. Tu as... Pour l'instant tu as la chance d'avoir plus de liberté, pourquoi ne pas t'offrir quelque chose pour une fois dans ta vie ?" Et il lui caresse la joue, et il chasse ces larmes d'un geste du pouce, avant de murmurer d'une voix chaleureuse. "Hey... Je suis presque prêt à te proposer d'être ton "copain du placard" là. Tu te rends compte ?! Parce que pas moi."

Dans le fond... Les gentils, les méchants, c'était un concept manichéen qui avait tendance à casser les couilles. Il pouvait y avoir des gens avec toutes les bonnes idées du monde, prêts à foutre en l'air quelques vies pour le "bien commun" qui étaient considérés comme des good guys. Et y'avait les autres, qui voulaient juste vivre leur vie, et qui pouvaient être considérés comme des bad guys.

"Il faudrait qu'on s'intéresse à un pauvre pélot comme moi, pour que je risque quoi que ce soit. Mais je te l'ai dis Logan. Moi... Je suis inexistant." Qu'il murmure. "Moi je ne viens pas d'une grande famille, j'ai pas de fric, et j'vis dans un pauvre appart'. Je suis discret. Personne ne me connais." Et il fait ce sourire, ce fameux sourire solaire, doux et chaleureux. "ça veut dire que si tu veux tenter un truc, y'a des chances qu'on nous grille jamais !" Et il lui prend doucement les mains, les serrant. "Tout ça pour te dire que... Si tu vis pas maintenant, tu pourrais le regretter toute ta vie une fois piégé. Et les regrets, ils disparaissent jamais vraiment. Alors... Prendre quelques risques, ce serait si impensable que cela ?" Et il dépose sur ses lèvres, un ultime baiser, avant de le serrer dans ses bras. "ça va aller, d'acc ? Et même si c'est pas totalement vrai... ça ira quand même, fais moi confiance."

Si on le lui avait demandé, le jeune sorcier n'aurait sans doute pas pensé que la soirée prendrait cette tournure. A la faveur de la lune, la scène prenait un aspect des plus surréels, il avait l'aspect presque éthéré qu'ont les rêves, de ce fait, et avec un peu d'alcool dans les veines, Nael se questionnait sur la véracité de l'instant, mais comme souvent, rage de vivre, rage de vaincre, il allait à fond, peut importe la finalité. L'homme lève les yeux au ciel, soupirant.

"Réduire quelqu'un à un ventre prêt à enfanter ? Charmant. Je pense que certaines traditions devraient être foutues au feu, si tu veux mon avis. On est tout de même au vingt et unième siècle. Si cela arrivait à ma soeur... Je pense que je pourrais en devenir violent." Nael voudrait il de ce genre d’existence, de ce genre de fardeau pour sa soeur ? Pas le moins du monde. Il brûlerait ce monde, plutôt que d'avoir à voir sa soeur embrasser cette vie. Il a ce sourire déplaisant, froid. "Des vieux mourants qui ne pensent qu'à la conservation d'un patrimoine qui s'étiole sans s'occuper de ce qui se trouve dans le cœur d'une nouvelle génération. C'est toujours le même problème. Et parfois... Parfois il en existe pour braver les règles, les briser."

Il hausse les épaules, le brun, dans une allure frivole, détachée. "Ce monde il a l'air agréable. Tu crois que j'y aurais une place ?" qu'il murmure avec un demi sourire, l'expression de celui qui aime plus que tout se perdre dans le monde des rêves. Son petit univers intérieur est bien développé. Cela a toujours été le cas.

"A la faveur de la nuit, même le plus brillant des joyeux en devient gris. Invisible. Le tout est de trouver le bon endroit où on ne l'y cherchera pas." Et, de ses grandes mains mordorées, tout en tendon et en muscle, il caresse distraitement les épaules du "joyau de la couronne". "Crois tu que je puisse me faire voleur et te ravir à leurs yeux ? T'arracher juste un instant à leurs griffes pour t'offrir ce que tu souhaites ? Pour rendre ce fardeau moins lourd ? Car je le vois... Ce Logan qui se prend pour Atlas, à porter le poids du monde sur les épaules. Mais j'ai toujours ignoré comment le soulager."

Et son regard brille, d'un éclat dangereux, alors qu'il se redresse de toute sa stature. "Il faut toujours se battre, plutôt que subir. On peut sourire aux uns, aux autres. Mais pas être de ceux qui tendent la joue pour se recevoir les coups." Et le joli magicien attrape le visage de son vis à vis, plongeant son regard dans le sien. "Tu sais... Je ne suis pas sans défense. Je me bats juste pour ce qui est important pour moi." Et il rit, amusé. "Comment je pourrais avoir peur d'eux ? Je n'ai rien à perdre. Laisse moi t'offrir ce bonheur, laisse moi le partager avec toi." Que de belles paroles susurrées au clair de lune, alors que sa bouche se plaque contre la sienne, alors que son corps se presse contre le sien à la recherche d'une chaleur plus que le bienvenue. Ses doigts, agiles, viennent faire disparaître les dernières traces de larmes. "Ils ne les méritent pas." Qu'il murmure d'une voix rauque, grondante.

@Logan Fitzburry

Et si l'idée l’effleure un moment, de renverser le monde, d'envoyer bouler ces principes archaïques, l'impossibilité de la chose se fait très vite jour dans son esprit. Ce ne sont pas ses combats, ni même sa vie, mais il en est révolté. Il pourrait... Vouloir se lancer dans certains combats. Mais ceux là ne sont pas les siens. Le vaudooiste le sait. Et pourtant... Pourtant l'idée est alléchante, un infime instant. Et il sait que le cheminement entre le chaos et l'ordre est un parcours d'équilibriste improbable. Le silence s'installe, ambiance feutrée, peut être un brin trop lourde, mais tu gardes le silence, songeur, avant de finalement murmurer d'une voix douce.

"Tu as raison." Sa voix est grave, rauque, une douce musique pour les oreilles, et son sourire revient bien vite, comme si tout cela n'avait jamais existé. As des masques, il parvient à les interchanger avec une grande adresse, ses mains noueuses posées tranquillement dans son dos. Il lui fallait faire taire cet instinct de rébellion, le même qui l'avait poussé à maudire son père jusqu'aux portes de la mort, tant d'années auparavant. Il en gardait encore quelques séquelles.

"Hm... Oui. Mets toi à l'abris, il fait frai à cette période de l'année. Je compte sur toi pour me donner des nouvelles." Et c'est un agréable sourire qui vient étirer ses lèvres, le tableau est presque étrange, le type baraqué dans un pull de noël trop criard. Son regard doré posé sur l'homme dont il était persuadé d'avoir déclenché l'animosité. Il sourit, de ce sourire doux, plein de milles promesses. "J'espère que tu m'auras pas oublié le lendemain, joli bijou." Il a ce demi sourire, un peu rieur, carrément joueur. Ce petit sourire plein de malice, alors qu'il rentre son numéro, ajoutant "Nael" et un petit émoji renard à son nom.

"Je suis pas sûr que t'en connaisse beaucoup comme moi, mais au moins tu sauras me retrouver facilement." Il ricane, petit con qu'il est. "C'est à toi de faire le premier pas. Je n'ai pas ton numéro. J'aime jouer avec le feu." Parce qu'il sait... Que peut être il aura changé d'avis le lendemain, quand sa charge lui semblera plus lourde. Et si cela ne donne rien... hé bien... Il saura attendre, il saura s'adapter. Il saura laisser tomber, si c'est le choix de son compagnon. Il le regarde partir, l'air pensif, puis le voit finalement filer d'un pas décidé jusqu'à lui, son regard se fait interrogateur, alors qu'il échange un dernier baiser avec son compagnon. Il peut encore sentir l'alcool sur ses lèvres. Le sucré du cocktail. Et lui, que doit il sentir ? L'odeur de sa clope mentholée froide, maintenant, et ce petit goût de cerise qu'avait le cocktail qu'il a bu auparavant ? Il lui attrape délicatement la main, la serrant, murmurant finalement.

"Bonne nuit, rentre bien, Logan."