Poudlard. C’était la première idée qui lui était venue à l’esprit quand les gens du Consortium l’avaient abordé pour la première fois. Et cette image ne dépareillée nullement avec ce qu’il observait présentement. Il en était heureux, ayant été bercé dans sa jeunesse par les aventures d’Harry Potter mais en même temps, il trouvait cela quelque peu stéréotypé. Puis il réalisa que le lieu était certainement là bien avant les livres et que J. K. Rowling s’était probablement inspirée de cet endroit pour écrire sa saga. Peut-être était-elle elle-même une Sorcière ou une Descendante, comme ils l’avaient lui-même désigné. Quoiqu’il en soit, on pouvait dire que l’effet était réussi quand on se pointait pour la première fois sur les lieux. Il est vrai, que pour le coup, il aurait préféré recevoir son invitation par Hibou exprès mais bon, il ne fallait peut-être pas trop en demander. Puis, ce n’était pas certain qu’il y aurait cru. Il aurait plutôt pensé à une farce, même si ça aurait mieux marché lorsqu’il avait 11 ans.

Maverick avait emprunté un portail magique pour venir jusqu’ici. Il aviserait à l’avenir le moyen qu’il utiliserait pour se déplacer et notamment retourner voir sa famille adoptive. Là, ça avait été le plus rapide et surtout l’appel de la curiosité et de l’aventure qui l’avait fait choisir l’Atrium. Mais quelque chose lui disait, pour lui qui n’avait jamais réellement voyagé - que ça pouvait être chouette aussi de traverser le pays et une frontière, de voir les différents paysages, de prendre son temps pour rencontrer des gens et découvrir de nouvelles choses. La sensation de la traversée était … Particulière. Il n’arrivait pas vraiment à la définir. Un mélange entre des serpents dans le ventre, une survitesse et en même temps de marcher dans la mélasse. Il ne savait pas si cela faisait pareil pour tout le monde ou si chaque passage était différent, propre à la personne qui s’y aventurait. Et il ne se voyait pas poser la question. Après tout, il y avait des trucs plus importants que cela à demander. Et quelque chose lui disait qu’il risquait déjà assez souvent de faire part de ses interrogations aux gens qui auraient la gentillesse de bien vouloir y répondre, dans les semaines à venir.

Le jeune homme regarda autour de lui pour essayer de se familiariser un minimum. Aujourd’hui n’était pas sa rentrée. Il avait encore une semaine pour ça. Non, il était venu pour repérer un peu les lieux et pouvoir essayer de trouver un logement. Voir pourquoi pas dégotter aussi un petit job étudiant pour s’aider à financer ce qui devait l’être. On lui avait bien expliqué qu’il y aurait possibilité pour lui de rentrer tous les soirs à son domicile mais il s’était dit que c’était l’occasion pour lui de prendre son envol, même si cela faisait déjà quelques mois qu’il y pensait. Après, il est vrai que dans ses projets initiaux, il ne se voyait pas non plus partir à l’autre bout du pays, encore  moins dans un autre pays. Là, l’occasion faisait le larron et elle tombait plutôt bien, en somme. Il avait donc deux jours devant lui, ayant prétexté des achats à faire à la grande ville, pour ne pas éveiller trop la curiosité de ses parents. Ces derniers savaient qu’il allait partir dans une université privée, payée à l’avance par ses vrais parents, mais il était resté assez vague sur les détails. Il ne pouvait quand même pas leur annoncer de but en blanc que ces lointains ancêtres étaient des manipulateurs de magie. Ca l’aurait foutu un peu mal.

Maverick se laissa gentiment perdre dans le centre-ville de Fairwood; flânant de droite à gauche sans être pressé. Les lieux étaient vivants et agréables. C’était déjà un bon point. Ca aurait été triste de se retrouver dans une ville dortoir, toute grise et sans vie. Ici, il ne se voyait pas déprimer, même si ce n’était pas réellement son style. Il s’arrêta dans un hôtel pour réserver une chambre pour la nuit avant de prendre une poutine à emporter dans l’un des nombreux restaurants du centre-ville. Après avoir fait le tour du centre et vu à peut prêt les magasins qui s’y trouvaient - c’était chouette, il y avait de tout avec des prix abordables, il ne serait pas obligé de faire mille et une borne au moindre achat - il fit un passage dans le quartier huppé. Cet endroit l’attirait beaucoup moins même s’il fallait reconnaître qu’il y avait quelques beaux manoirs. Il y repéra le trajet pour gagner le Consortium et l’Académie. La périphérie ouest lui rappela chez lui, avec ses fermes et ses étendues herbeuses.


Mais l’endroit qui retint son attention, ce fut la côte est. Il n’avait jamais vu la mer pour de vrai. Et cet aspect sauvage, avec les à pics rocheux plongeant dans l’océan, différait des images que l’on avait généralement quand on parlait de la mer. On imaginait vague, plage, sable. Là, c’était vent, embrun, bruit violent du ressac. Même si c’était la première fois qu’il avait l’occasion d’observer les flots salés, il ressentit immédiatement un attrait pour eux. Après avoir errer sur la lande rocheuse et s’être enivré des embruns tout son soûl, il s’apprêtait à regagner le centre ville quand il aperçut une pancarte à moitié effondrée, au début d’un chemin menant à une bicoque plus ou moins dans le même état que le panneau de bois. Ce dernier annonçait que la baraque était à louer. Etait-ce un heureux hasard ou bien un signe du destin, mais quoi qu’il en soit, le jeune homme ne tergiversa pas avant d’appeler le numéro à moitié effacé. Pendant quelques secondes, il se demanda d’ailleurs s’il était toujours attribué, au vu de l’état des lieux.

Finalement, la tonalité lui annonça que quelqu’un avait décroché et une voix rocailleuse, aussi rêche et dure que la côte, se fit entendre. Maverick se présenta brièvement, signalant qu’il souhaitait des renseignements sur la maison à louer. Cette remarque surprit le vieux monsieur au bout du fil qui avoua ne jamais avoir réellement attendu un appel pour ça. Ils se fixèrent rendez-vous pour la fin d’après-midi. Le Descendant prit donc le parti de continuer à flâner au bord de la falaise en attendant l’heure convenue. Il alla faire le tour de la maison, pour se faire une idée rapide de l’état dans lequel elle se trouvait. On ne pouvait pas dire qu’extérieurement, c’était fort reluisant. Par contre, la vue sur l’océan était à couper le souffle. Et le lever de soleil le matin devait être magnifique. C’était peut être idiot mais il était curieux de voir les lieux en pleine tempête. Observer la mer en pleine furie devait être impressionnant.

Les aiguilles de sa montre s’égrenèrent et le vieux monsieur arriva enfin. Le feeling passa naturellement entre eux. Le propriétaire s’excusa par avance de l’état des lieux mais il n’était plus de toute première jeunesse - la canne sur laquelle il s’appuyait fortement pour se déplacer en attestait - et il lui était plus difficile qu’avant d’entretenir les lieux. Après lui avoir montré les limites extérieures de la parcelle, il le fit rentrer. Maverick fut agréablement surpris. Au vu de l’état extérieur, il s’était attendu quelque chose de …. Délabré, avec des courants d’air et des fuites d’eau un peu partout. Il n’en était rien. Peut être une tuile ou deux à remplacer mais dans l’ensemble, l’intérieur était plutôt chaleureux et cela ne fit que conforter son idée de louer les lieux.

Ici serait son chez lui.