L'affaire est dans le sac ! - Ft Alexander Ward

La journée avait pourtant bien commencé. L’avantage de vivre au centre-ville était l’animation constante. Fairwood était comme une fourmilière tranquille, s’agitant aux premières lueurs du soleil. D’abord sur le port, puis par extension dans les ruelles avoisinantes, dans un doux brouhaha revigorant. Alexander, savourait ces instants en se promenant parmi les quidams. L’idée était de rejoindre le petit café faisant le coin de la grande place du centre-ville. Il y avait toujours de l’animation à ses abords et une ribambelle de demoiselles prêtes à s’installer à l’une des innombrables tables pour travailler sur leurs ordinateurs. Alors qu’il attendait son tour dans la file d’attente, il entendit comme les autres clients, les contestations poétiques d’une femme en détresse. Le voleur courut dans leurs directions passant si vite, que tous manquèrent de se dévisser la tête en le sentant passer à hauteur de la file d’attente. Derrière lui, une drôle de nana lui emboitait le pas. La façon dont elle s’y prenait était assez marrante à regarder et Alexander ne put s’empêcher de sourire tout en baissant la tête pour contenir son hilarité. Jouer les bons samaritain, ce ne faisait pas vraiment partie de son CV et puis, il était venu pour un café. C’est  pour ça qu’il ne bougea pas d’un centimètre, hormis pour avancer dans la file et passer commande. Tandis qu’il payait le latte en faisant du charme à la serveuse du comptoir, le voleur repassa a grande enjambée derrière la vitrine du café sous le regard circonspect des clients. Il était peut-être temps d’intervenir et en moins de temps qu’il ne lui fallut pour adresser un clin d’oeil à la délicieuse poupée derrière son comptoir, il se glissa par la porte de service donnant sur l’arrière de la ruelle. Il se contenta d’enlever la capsule du café en soufflant dessus, puis tenta d’avaler une goulée crémeuse, avant de donner un grand coup de pied à la porte qui s’ouvrit dans le bruit chaotique d’un choc terrible. « Oups » Le blondinet fit mine de s’écarter en s’excusant dans un sourire affable. « Désolé… » railla-t-il en levant son verre et en évitant le corps sur le sol. Sonné, le voleur cherchait à récupérer des mains le sac qui avait glissé sous les poubelles. « Dégage… » « Vous avez perdu quelque chose ? » Singea-t-il son inquiétude. Mais lorsque la véritable propriétaire surgit dans la ruelle comme un diablotin hors de sa boîte, il ne put s’empêcher de sourire en écrasant la main qui s’apprêtait à attraper le précieux larcin. « Je suis désolé… Je n'ai pas entendu ce que vous avez dit… » continua Alexander en s’écartant pour laisser la demoiselle lui régler son compte. Couché sur le sol, l’homme gémissait encore sous le coup de cette douloureuse rencontre.