A coffee and the tea | Nausicaä & Logan

Résonne encore les stridulations des violons.
Résonne encore les discussions interminables.
Je sens encore sur mes lèvres la chaleur des siennes.
Doux souvenir impérissable.

Allongé sous les couettes, je regarde mon téléphone, les yeux dans le vague, je ne décroche pas qu’en Nausicaä appelle, mon cerveau engrenant les rouages de la réflexion pour trouver un message à lui envoyer.

À son cinquième appel, je raccroche automatiquement, ne lui laissant pas le bénéfice du doute sur le fait que je ne suis pas disponible pour entendre ses jugements et ses réflexions assassines.

Un long soupir bruyant explose de tes lèvres et Deirdre toque au mur le message codé pour me dire de venir. Des années que nous sommes cloisonnés dans cette cage dorée et le temps passé ensemble nous a permis de mettre au point un système de communication non verbal.

Je m’extrais de mon lit et rejoins ma cadette dans ses draps.
-Je sais pas quoi lui dire…
-Logan, tu me dépites vraiment… Un simple “Salut”... Un “Joyeux Noël”, bon j’avoue sans message avant, c’est bizarre… Stu veux jle fais à ta place…
-No fucking way !

Elle tente de m’arracher mon téléphone quand un énième appel d'Ariel nous stoppe net.
-Tu es sérieux ? Cette musique pour elle ?

Je laisse les notes de la comptine “Les petits Poissons dans l’eau” résonner dans sa chambre avant de décrocher. Par réflexe, je ne colle pas mon téléphone à mon oreille et sans haut-parleur, je laisse le plaisir à Deirdre d’entendre la voix du plus terrible des requins. Je tourne mon visage vers ma sœur, mes yeux roulant dans leur orbite en écoutant le flot ininterrompu de parole de la princesse des mers.
-Pardon quoi ?

Je sors de la chambre de Deirdre, pour rejoindre les fenêtres de ma chambre, donnant sur l’avant de la résidence royale. Et je peux voir au portail la jeune sirène attendre.
-Mais… Putain, tu me fatigues Atlantis !

Je pose mon téléphone sur mon bureau et je saisis le téléphone fixe.
-Oui, c'est Logan, faites escorter Lady Atlantis à l’intérieur, je la recevrai dans mes appartements.

Je raccroche discrètement avant d’ajouter.
-Procédure normale…

Je me tourne vers la rouquine sur mes lèvres un sourire mutin.
-Naus ? Ils vont te laisser entrer, mais s’il te plaît laisse-toi faire…

Je raccroche directement le téléphone pour ne pas lui laisser la chance de répondre.
-Je vais demander aux cuisines de nous monter le petit déjeuner.
-Tu es la meilleure.

Elle me fait un clin d'œil avant de disparaître dans les couloirs de Kensington Palace.

Habillé d’un jogging gris et d’un sweat à capuche de la même couleur, j'attends l’américaine assit sur le rebord de ma fenêtre, mes yeux rivés sur le message que je tente d’écrire à Naël…

-Mais je t’en prie… Bienvenue à Kensington Palace Nausicaä…

Le ton sarcastique de ma voix n’est en rien dissimulé.
-Pas besoin de te dire de faire comme chez toi ? Il semblerait que tu te sentes chez toi où que tu passes… Et je te prierai d’aller t’excuser auprès des gardes si ta conduite est aussi Naussicaènne que je le pense…

Mon regard se fait accusateur et moralisateur. Je suis ici dans mon fief, sous la juridiction du clan Fitzburry et elle a de la chance que les gardes n'aient pas prévenu mon oncle de la présence d’une forcenée aux grilles. Il n’aurait pas eu la même délicatesse que moi de lui permettre l'entrée dans la demeure du coven royal.
-Non c’est une chambre dans laquelle je te recevrais quand tu viendras uniquement pour ne pas te laisser le plaisir de trouver quoi que ce soit qui pourrait être compromettant… Je commence à te connaître vile sirène…

Sur mes lèvres, un sourire narquois s'efface aussitôt.
-Et toi as-tu conscience que tu n'arriveras pas à séduire un prince habillé, si on peut le dire, de cette façon ? Ils cherchent du raffinement, pas de…

Je désigne sa robe au décolleté provocateur.
-Ça…

Je ricane doucement avant de prendre la tasse cartonnée qu’elle me tend, elle trinque sans faire attention, j’hume le parfum qui s’en échappe avant de le poser sur une petite table basse avec dégoût.
-À toi aussi Nausicaä !

Mon sourire reste figé à l’annonce de son présent pour Noël.
-Super, je n'en avais pas avant…

Raillerie sarcastique évidente que mes prunelles brillant de malice souligne.
-Et ton cadeau est le temps que je t’offre, un 26 décembre, dans la résidence de la famille royale d’Angleterre…

Je me lève de mon perchoir pour venir poser sur sa joue une tendre embrassade.
-Et donc vieille pétoncle…
-Logan ?

La voix de ma sœur résonne dans l’encadrement de la porte.
-Ah Deirdre… Naus, je te présente ma sœur Deirdre…
-Enchanté Lady Atlantis…

La rouquine qui a pris le temps de se changer, la traîtresse, fait une petite révérence face à la représentante des sirènes.
-Les cuisines apporteront le petit déjeuner d'ici à quelques minutes, les viennoiseries sortent du four.

Je regarde ma sœur jouer les comtesses parfaites et venir s’asseoir dans un fauteuil élégamment.
-Merci chère sœur. Je disais donc. Que me vaut l’honneur de ta visite ?

Mon regard se tourne vers l’Américaine…

Nos joutes verbales deviennent de plus en plus fréquentes et ce serait mentir que dire que je n’y prends pas plaisir. C’est un véritable jeu auquel nous jouons et qui prouve que notre amitié n’est plus à ses balbutiements.
Mais surtout que la princesse des sirènes a réussi à découvrir un Logan que peu peuvent se vanter d’avoir vu et rencontré.

Pourtant, quand elle essaye d’imiter l’accent si délicat et prestigieux de mon pays, elle ne réussit qu’à me tirer une grimace tant, c'était une fausse exagération.
-Tu appelles ça de la haute couture ? -Je fais le signe des guillemets avec mes doigts- C’est un simple bout de satin… Rien de plus…

La suite de notre joute verbale est brisée par l'arrivée de ma rouquine préférée, elle se présente à mon “invité” avant de s’installer dans un fauteuil. Je secoue la tête avec dénigrement avant quelques ne souffle ses menaces directement dans le creux de mes oreilles.
-Garde tes mots pour toi Nausicäa ! Je ne suis pas ma famille et autant tu peux entrer dans cette chambre, mais sache que ma protection ne peut être étendue à d'autres pièces du palais et certains de mes aïeux étaient plutôt contre votre adhésion au consortium… Alors devoir te croiser serait un affront pour eux… Et je ne te parle pas des servants qui peuvent leur raconter ce qu’ils voient ou entendent…

Je croise les bras sur mon torse, elle ne semble pas comprendre qu’elle ne peut agir comme si tout lui était dû partout où elle se présente. Ses caprices de princesses sirènes ne sauront la sauver des anciens et des châtiments qu’ils peuvent mettre en œuvre contre sa personne.
En ce lieu, je suis son seul ami…
Encore un point que je vais devoir détruire dans cette famille…
Encore une idéologie qui brûlera dans les flammes…

Je la regarde s’installer sur l'accoudoir, se percher au-dessus de ma sœur, telle une de ses sirènes mi-femme mi-oiseau de la mythologie grecque qui charmait les marins de leur voix envoutante. Mon regard se fait sombre et je sers les dents. Mais ma jeune sœur sort du silence
-Lui n’a pas omis de me parler de toi, petit poisson…

Mon visage expressif se tourne finalement vers la porte d'entrée ou résonne trois coups francs et d’un geste de la main, je fais naître une illusion qui habille de façon plus respectable la princesse d’Atlanta.
-Entrez !

Je me redresse et fixe les servants qui entrent avec le petit déjeuner.
-Posez ça sur le bureau.

La voix de ma sœur résonne dans ma chambre, elle sait que l’illusion me demande un effort de concentration imposant et prend donc le relais avec les serviteurs. Les deux jeunes hommes se glissent silencieusement dans la chambre et dépose sur mon bureau un assortiment de viennoiserie, de pain frais, de beurres, le tout accompagnés de deux théières d'eau brulante et de différents thé en vrac et de jus de fruit.

Je sens mon illusion faiblir, elle ondoie comme un mirage, mais tient bon jusqu’à ce qu’ils quittent la chambre. Je me laisse tomber sur mon lit et me masse les tempes.
Je sors mon portable de ma poche et regarde une nouvelle fois la conversation vierge, en attente d’un message qui lancerait véritablement cette histoire que je désire tant lire…
-Merci Deirdre…

Je range mon portable après l’avoir verrouillé dans ma poche et relève la tête vers les deux jeunes femmes.
-Servez-vous… Je ne ferai pas le service.